Interview du Dr Nicolas

Merci Docteur Nicolas d’avoir accepté cette Interview

 

Dr Geoffroy NICOLAS

(Médecine polyvalente Soins palliatifs et douleur en cancérologie au  H.P.L

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 Pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours professionnel et les raisons pour lesquelles vous travaillez dans un service de soins palliatifs ?

 J’ai toujours eu un intérêt pour la cancérologie. Après mon diplôme de docteur en médecine, j’ai fait un DESC en soins palliatifs et douleur (Diplôme d’Etudes Spécialisées Complémentaires) et après mon internat j’ai travaillé à l’ICL. En 2011 j’ai rejoint  l’Hôpital Privé de la Loire qui ouvrait un service de soins palliatifs.

Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui ont amené le HPL, secteur privé, à ouvrir un service de soins palliatifs ?

 Il y a eu une réflexion des soignants sur la nécessité d’ouvrir des lits spécialisés pour traiter la douleur et la fin de vie. Parallèlement l’ARS (Agence Régionale de Santé) demandait l’ouverture de lits en soins palliatifs pour agréer le HPL notamment en matière de chimiothérapie. 5 lits ont été reconnus par l’ARS.

Pouvez-vous nous parler de l’unité de soins palliatifs au HPL ?

 Nous avons fait le choix de regrouper 5 lits réservés aux soins palliatifs.

Les infirmières et aide soignantes sont venues sur la base du volontariat.

Tous les jours, pour les 5 chambres (individuelles bien sûr) un médecin, une infirmière et une aide-soignante sont présents.

Des kinésithérapeutes, assistantes sociales, psychologues, diététicienne, socio esthéticienne complètent l’équipe.

Nous nous réunissons une fois par semaine.

Nous faisons également appel à l’équipe opérationnelle de la douleur, il s’agit d’intervenir auprès du patient sous une approche non médicamenteuse : relaxation, hypnose par exemple.

Nous sommes tous dans une écoute attentive et bienveillante vis-à-vis du patient.

Les psychologues interviennent presque systématiquement mais en fonction de la demande du patient et de son état clinique, ils poursuivent ou pas leurs interventions.

A l’unité de soins palliatifs du HPL, nous prenons en charge des patients soit en phase terminale soit en phase aigüe.

Une fois la phase aigüe traitée, le patient peut soit rentrer chez lui avec éventuellement l’intervention d’un service de HAD, soit être orienté vers un service de soins de suite et de réadaptation.

Ils ont souvent du mal à quitter le service parce qu’ils se sentent pris en compte dans leur douleur physique et morale par les soignants de ce service. La grande majorité des patients hospitalisés en SP savent ce qu’il en est de leur état et leur famille aussi.

Mais certains sont dans le déni, ils ne veulent pas savoir. Nous travaillons avec toutes ces composantes.

Comment avez-vous connu JALMALV ?

Jalmalv-association-accompagnement fin de vie Saint-etienne J’ai été interne le service de soins palliatifs où exerçait Anne Richard… j’ai donc beaucoup entendu parler de JALMALV !

Ainsi lorsqu’il a été question d’intégrer des bénévoles dans le service, JALMALV a été une évidence d’autant que j’avais déjà rencontré des bénévoles JALMALV tant à l’ICL qu’à l’USP du CHU

Avez-vous des retours des patients ou de leur famille sur nos accompagnements ?

Très franchement non.

Les patients n’en parlent ni aux infirmières ni au médecin.

Quand nous sommes auprès d’eux, ils sont préoccupés par leur état de santé, leur douleur et nous attendent sur ces questions.Ils savent que vous ne faites pas partie de l’équipe soignante, que vous êtes « à part ».

 Mais nous apprécions d’avoir 2 bénévoles pour nos 5 lits et le besoin ne peut être évalué en raison des changements quotidiens d’une unité de soins palliatifs.

D’après votre expérience en service de Soins Palliatifs, pensez-vous qu’il y ait une évolution de la société Vis-à-vis de la mort ?

 Ma réponse ne peut être que faussée parce que j’exerce dans un service de soins palliatifs.

Comme je vous l’ai dit, certains patients sont très au fait de l’évolution de leur maladie et de l’issue : d’autres sont dans le déni. Il faut faire avec toutes ces singularités.

Nous avons aussi régulièrement des demandes d’euthanasie. Actuellement la législation est claire à ce sujet. Faut-il la faire évoluer ? Je ne le pense pas mais c’est un vrai débat où la question de l’éthique du médecin est en jeu.Nous ne sommes pas formés pour donner la mort. Mais il faut savoir soulager et accompagner la fin de vie. La loi actuelle autorise la sédation profonde mais ce n’est cependant pas une réponse à tout. Il faut une équipe pluridisciplinaire pour réfléchir sur chaque situation préoccupante.

 

Rencontrez-vous beaucoup de patients qui vous parlent de leurs directives anticipées ?

Certains ont eu une démarche réfléchie, quelquefois antérieure à leur maladie, et alors ils arrivent avec leur papier tout prêt.

Beaucoup expriment une volonté oralement et demandent aussi à être aidés dans cette démarche.

Là encore l’équipe soignante s’adapte à chaque situation singulière.

L’ARS voudrait que la question des directives anticipées soit posée systématiquement au patient pris en charge en unité de soins palliatifs. Je considère que ce serait une démarche violente vis-à-vis de la personne qui arrive dans le service.

Dans ce domaine nous avançons au rythme du patient

.

Merci Docteur Nicolas d’avoir pris le temps de  cette rencontre.

Françoise et Martine