Journée des bénévoles samedi 11 décembre 2021

                                                                                                                                                                                           

C’est à la Cité des Aînés que s’est déroulée notre journée des bénévoles.

La Cité des Aînés accueille un EHPAD de 159 lits, une résidence autonomie et une unité pour personnes handicapées vieillissantes. Pensé dans l’esprit d’une cité-village, ce lieu entend répondre à tous les besoins de la personne âgée.

Tout a été réfléchi pour créer un lieu de vie agréable pour les résidents mais aussi pour les familles et amis leur rendant visite.

Nous remercions chaleureusement Monsieur MARCHAND, Directeur, qui nous a ouvert ses portes gracieusement. Deux salles spacieuses et agréables sont mises à notre disposition. Le pass sanitaire est vérifié dès l’entrée et les mesures sanitaires sont rappelées et respectées.

Les travaux débutent dans la joie de se retrouver mais aussi d’avoir la possibilité de penser (panser ?) les bouleversements que nous avons vécus.

Anne RICHARD remercie les bénévoles qui ont bravé le mauvais temps et le COVID pour participer à la journée, seul rassemblement organisé en 2021.

 

Après un tour de table rapide, Anne laisse la parole à Sigolène GAUTIER

Sigolène GAUTIER :

Psychologue clinicienne.

Sigolène travaille dans un service de soins palliatifs à l’hôpital des Massues à Lyon, hôpital dépendant de la Croix Rouge.

Sigolène est secrétaire adjointe et responsable du collège des psychologues, dans le cadre de la SFAP(Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs)

 

 

Cinq groupes sont formés en prenant soin de favoriser les « rencontres » : bénévoles n’intervenant pas au même endroit, ne participant pas au même groupe de parole, bénévoles d’accompagnement et bénévoles de structure…

Sigolène GAUTIER propose alors aux groupes de travailler sur les questions suivantes :

  • Ce qui a été perturbé, empêché
  • Les conséquences ? Négatives ? Positives ?
  • Ce qui se révèle essentiel
  • Les ressources sur lesquelles il est possible de s’appuyer

Nous retiendrons les idées forces des travaux de ces groupes :

  • Nous sommes des êtres de relation
  • Redécouverte des sens, de la nature, du silence
  • Facultés d’adaptation
  • Découverte de ressources intérieures
  • Perception de nos limites
  • Mort devenue plus présente
  • Disparition des rites
  • Démotivation par rapport au bénévolat
  • Solidarité, reconnaissance, bienveillance

Synthèse de l’intervention de Sigolène

Les premiers mots de Sigolène sont : « le COVID ? C’est le trop plein, trop c’est trop, la saturation ! » Mais trop plein de quoi ? d’histoires individuelles ? de souffrance ? de restrictions ? de ce qui ne s’arrête jamais ? Chacun a vécu « son Covid », c’est un ressenti très subjectif au milieu d’un traumatisme collectif. « Si nous souhaitons parler de la manière dont nous pouvons nous reconstruire, il va falloir commencer par prendre conscience de ce qui s’est passé. Pour cela il faut quelques mois, quelque temps, pour laisser passer le traumatisme et identifier les mécanismes de défense que nous avons employés. » Si nous remontons en mars 2020, face à l’annonce présidentielle « nous sommes en guerre », alors que nous pensions être face à une petite grippe, il y a eu plusieurs réactions : « la peur au ventre », il s’agissait de frayeur, d’effroi ; la sidération, là les gens étaient sous le choc, comme paralysés ; d’autres étaient en état de léthargie ; enfin d’autres étaient très agités, excités.« Ces réactions « à chaud » sont en fait des réactions de sidération : une réaction à un événement brutal. Peu à peu cette sidération peut laisser la place à des émotions : la colère, le désespoir, la hargne, la jalousie, l’angoisse… ».

Les médias ont bien relayé les actualités terrifiantes. Cependant chacun a vécu cette période en fonction de son âge, de ses conditions de vie, de là où il en était. Pour les bénévoles, tout s’est arrêté. Les soignants sont devenus des héros, et nul ne le conteste. Et que se passe-t-il pour le bénévole ? Il se sent refoulé à une place secondaire ou alors il se sent protégé parce qu’il doit rester chez lui ? Qu’est-ce que cette crise vous a fait éprouver à vous bénévoles ? Vous, bénévoles, les oreilles tendues habituellement vers ces histoires individuelles et subjectives, vous avez été mis à distance. Est-ce que ce n’est pas difficile aussi de n’avoir pas pu entendre, de ne pas avoir pu être là ? Chacun de vous a fait au mieux, mais est-ce que cela était suffisant, avez-vous pu être là où vous l’auriez souhaité ?  Y a-t-il quelques remords, regrets voire culpabilité ? Plongés dans l’impuissance et l’impossibilité d’être à côté, d’être là dans cette mission qui est la vôtre ?

« S’il est vrai que la frustration crée le désir, on pourrait dire que rude est l’épreuve de « faire sans les bénévoles », pour se rendre compte de leur place et de l’intérêt de leur présence auprès des patients et des proches. » La pensée vient après la crise. Aujourd’hui nous sommes face à la 5ème  vague, mais nous nous habituons à vivre avec ce virus, nous avons le vaccin et les gestes barrières, nous avons intégré certaines contraintes et ça nous permet d’avancer, nous sommes déjà dans la reconstruction. Nous avons des capacités d’adaptation. Il faut être conscient de ce qui s’est passé individuellement et collectivement pour se reconstruire. Cette conscience des pertes, des aménagements, des adaptations permet de mieux percevoir l’essentiel de nos missions. Il faut redéfinir et revenir à l’essentiel. Comment intègre-t-on cette pandémie dans notre vie ? Il y a des changements et bouleversements mais ça nous apprend autre chose. C’est la fonction de la crise : faire émerger les dysfonctionnements mais réaménager les choses, faire les bons choix, aller à l’essentiel ; pour poursuivre sa vie du mieux possible.

Pour se reconstruire, il faut savoir ce qui est essentiel et trouver les ressources humaines et institutionnelles sur lesquelles s’appuyer.

Après un repas « tiré du sac, chacun pour soi » car le temps du partage des spécialités des un(e)s et des autres

est pour le moment suspendu (aménagement, adaptation a dit Sigolène !), l’après-midi de réflexion a repris.

 

                           

 

Focus sur les accompagnements à domicile

Nancy DUPAYRAT et François TEDDE font part de leur désappointement face à la rareté des demandes. Une convention a été signée avec l’HAD Santé à domicile mais il n’y a eu que 5 demandes en 2020 et 1 seule en 2021. L’HAD a expliqué que certains patients avaient refusé par crainte de la contamination. Des échanges intéressants s’en suivent parmi lesquels plusieurs bénévoles témoignent de la demande de patients en court séjour à voir se poursuivre l’accompagnement chez eux lors d’un retour à domicile.

Anne RICHARD rappelle que toute intervention à domicile doit faire l’objet d’une convention et que, pour le moment, c’est à la demande d’une structure de soin. Une convention est signée avec le patient et avec l’accord de sa famille. C’est un contrat qui fixe le cadre de l’intervention que le patient et sa famille peuvent interrompre à tout moment.

Nancy témoigne d’une demande inverse, la personne suivie à domicile souhaitait la poursuite de l’accompagnement lors de son entrée à l’hôpital. A ce jour, nous n’avons pas cette possibilité. Nous devons réfléchir sur ce clivage domicile/hôpital. François rappelle qu’une intervention à domicile ne s’improvise pas et qu’une formation est indispensable.

Plusieurs bénévoles présents font part de leur intérêt à suivre cette formation. La formation proposée par la fédération est de 2 jours à Paris, ce qui représenterait un certain coût rappelle notre trésorière. Il pourrait éventuellement être envisagé une formation d’1 journée sur site. Une nouvelle piste de travail à poursuivre.

La Présidente précise alors que la poursuite à domicile d’un accompagnement débuté en institution ne pourrait être que temporaire et serait une activité supplémentaire.

Avoir des projets, n’est-ce pas se reconstruire ?…

 

La discussion s’engage alors sur la difficulté pour les bénévoles à expliquer le sigle JALMALV, à prononcer le mot « mort ».

Anne rappelle la création de JALMALV dans les années 1980 où il y avait une volonté presque militante de prononcer le mot « mort ».

Une jolie formule trouvée par Alain R. « j’accompagne le malade dans la vie ». L’idée est de ne pas abandonner le patient, être présent jusqu’au bout, quel que soit le bout, rassurer le patient et sa famille.

« Ne pas tout dire, ne jamais mentir » rappelle Anne.

Après une courte pause, l’après-midi se poursuit en petits groupes avec la même intention de faire se rencontrer et se raconter des expériences différentes de bénévolat.

Nous retiendrons les idées forces issues de ces travaux :

La notion d’engagement.

La notion d’ « enrichissement » au sens où le bénévole reçoit des leçons de vie autant qu’il donne de son temps et de son humanité.

Le sentiment d’appartenance à l’association.

La notion du temps qu’il faut pour créer des liens notamment avec les soignants. L’importance de la présence dans l’instant.

Et nous terminerons avec ce témoignage de Françoise J. :« avec cette épidémie et la longue interruption des accompagnements, j’étais démotivée. J’ai repris mes accompagnements et le bon accueil des soignants et des malades m’ont reboostée, je reprends avec plaisir ».

 

C’est une belle conclusion pour cette journée des bénévoles qui avait pour thème se reconstruire après et même pendant cette pandémie.