Fin de vie : «Est-il encore acceptable de mourir seul en 2020 ?»

Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, la Fédération Jalmalv estime qu’il est urgent de développer les soins palliatifs et multiplier les bénévoles d’accompagnement

Le 26 janvier 2020 à 12h50

Face à la mort, la solitude fait partie des principales préoccupations en termes de fin de vie et ils sont 88 % à trouver important de ne pas être seul à l’approche de leur fin de vie. Témoin de l’abandon qui touche pourtant les Français, la Fédération JALMALV (Jusqu’à la mort accompagner la vie) interpelle : nous ne pouvons plus laisser nos semblables seuls face à la mort.

La solitude en fin de vie est une douleur. On dit souvent qu’on « meurt mal » en France. Alors que le débat public sur la fin de vie se polarise surtout sur la légalisation de l’euthanasie, les Français se disent inquiets à l’idée de se retrouver seuls face à la mort. Certes, des dispositions législatives et la diffusion des soins palliatifs a permis d’améliorer les conditions de la fin de vie. Mais le « mal-mourir » n’est-il qu’une question médicale?

La médicalisation, qui a éloigné la mort du domicile, l’a aussi cachée de tout un pan de notre société civile. Nous infligeons une douleur supplémentaire à ceux que nous laissons seuls devant cette perspective. A la peine d’affronter la mort prochaine s’est ajoutée celle de ne rien pouvoir en partager.

Isolés et fragilisés à l’approche de la mort

Quand 300 000 Français de plus de 60 ans connaissent un isolement extrême (NDLR : enquête CSA/Petits Frères des pauvres, 2017), on peut craindre que nombreux seront tout aussi isolés en fin de vie, en particulier dans les Ehpad où beaucoup se retrouvent isolés et fragilisés à l’approche de la mort.

Etre seul, ce n’est pas forcément être abandonné par ses proches. C’est aussi un sentiment de vulnérabilité qui angoisse, c’est vouloir s’exprimer, questionner et écouter sans pouvoir le faire, par peur de la vérité, par pudeur ou pour ménager ceux qui restent. C’est être vu comme un mourant, alors que tout ce qu’il reste de vie devrait susciter écoute, attention et partage.

Des établissements, des associations, des citoyens sont déjà engagés et mobilisés. Mais face aux besoins de notre société, ce n’est pas assez ! Poursuivre le développement des soins palliatifs partout et accroître le nombre de bénévoles d’accompagnement dans notre pays est aujourd’hui indispensable.

L’association a besoin de 2500 bénévoles

Depuis plus de trente ans, la Fédération JALMALV apporte des réponses à ces questions. Ni soignants ni proches, les bénévoles d’accompagnement sont formés pour accompagner des personnes en fin de vie. Partout en France, ils écoutent avec bienveillance, donnent l’opportunité à celui qui meurt d’exprimer ce qu’il ne peut ou ne veut pas dire aux soignants et à ses proches, ils humanisent les derniers moments de vie de ceux qui se sentent seuls, le tout dans un cadre laïc, apolitique et aconfessionnel.

Mais la population vieillit et ces bénévoles ne sont plus assez nombreux ! Parce qu’il n’est pas acceptable de mourir seul et abandonné, la fédération JALMALV alerte : notre société a besoin de 2500 bénévoles supplémentaires pour permettre à ceux qui en ont besoin d’être accompagnés avec humanité.

Nous pouvons tous jouer un rôle. Donnez du temps qui compte, accompagnez des personnes en fin de vie : devenez bénévole. Faites le premier pas sur Dutempsquicompte.fr. Rejoignez l’une des 80 associations JALMALV

Olivier de Margerie, président de la Fédération Jalmalv (Orléans) et les représentants de Jalmalv en région; Chantal Billod (Marseille); Martine Binda (Côte d’Azur); Caroline de Cacqueray (Vendée); Christian Cotta-Bernard (Vienne); Elisabeth Dell’Accio (Grenoble); Jeanne-Yvonne Falher (Ille-et-Vilaine); Brigitte Grosshans et Marie-Rose Jehl-Kopf (Strasbourg); Marie-Thérèse Leblanc-Briot (Mayenne); Françoise Lecomte (Pays Grassois); Catherine Leverrier (Paris-Île-de- France); Dominique de Margerie (Aube); Véronique Maillet-Driencourt (Léman mont-Blanc); Laurence Mitaine (Orléans); Françoise Monet (Val-d’Oise); Colette Peyrard (Vienne); Marie-Christine Prud’homme (Annecy); Robert Riou (Drôme-Nord); Dominique Rognon-Herrgott (Franche-Comté Nord); Emmanuel Vent (Allier)